Convaincre et impliquer
Comment réduire la consommation d’énergie, de fluides et de consommables dans des bâtiments tertiaires connectés (i.e : équipés de capteurs permettant de collecter des données et d'en optimiser l'exploitation) ? SSINERGIE, filiale d’ENGIE(groupe industriel énergétique français, anciennement GDF Suez), planche sur un dispositif à la fois physique et virtuel à proposer en plus de la gestion des bâtiments. Un sujet sur lequel les usagers se sont avérés difficiles à convaincre et à impliquer. En effet, ce sont les gestionnaires des bâtiments qui achètent le dispositif mais les utilisateurs sont les habitants et usagers des bâtiments : il faut donc parvenir à toucher aussi bien ces deux publics.
Nous avons animé en février un atelier de deux jours avec de nombreux collaborateurs de l’entreprise, qui sont devenus des ambassadeurs du projet. Olivier Gresle, directeur général de SSINERGIE, répond à nos questions sur les apports du makestorming.
Comment avez-vous eu envie de tester une nouvelle méthodologie sur ce sujet ?
Olivier Gresle : On avait une V1 d’application qui avait ses limites. On s’est rendu compte qu’il fallait davantage impliquer les utilisateurs pour mieux comprendre leurs besoins et leurs réticences, l’avantage étant que tout le monde ou presque peut être utilisateur. Ce qui est lié à la sobriété énergétique repose beaucoup sur l’humain.
Quel a été l’impact de ce makestorming sur la suite de votre projet ?
OG : Ces deux jours d’atelier nous ont donné un élan extraordinaire. Reste à débloquer les budgets pour la mise en œuvre, mais si cela a ralenti aujourd’hui et que l’on a du mal à trouver la bande passante ce n’est qu’à cause des autres sujets à traiter, je sais qu’il sera désormais facile de motiver tout le monde.
Le fait d’avoir ouvert à d’autres personnes que celles qui connaissaient le sujet et avaient un avis très fort a permis de faire sauter certains verrous. Parfois, l’avancée des projets repose sur le leadership d’une ou deux personnes, et quand on ouvre, c’est intéressant mais souvent, cela n’avance pas. On l’a vu lors du premier jour d’atelier : on a eu du mal, on tournait en rond car personne n’était installé comme leader eu que l’on était juste rythmé par le délai. Le débriefing du premier soir a permis de rebattre les cartes.
Pensez-vous que le makestorming puisse convenir à tous les projets ?
OG : La limite que je peux voir est que je ne sais pas si les makestormers sont autant à l’aise avec tous les sujets. La question de la sobriété énergétique collait très bien aux personnes présentes, mais est-ce que la capacité à rentrer dans le sujet est la même tout le temps ? C’est vous qui pouvez me le dire !
A ceci près, je ne vois pas pourquoi le makestorming ne conviendrait pas à tous les sujets. En ce qui me concerne j’aimerais utiliser cette méthode pour travailler sur des outils d’aide à la vente, en reprenant la fresque virtuelle produite en fin d’atelier. C’est un vrai sujet : comment lie-t-on le réel et le virtuel ? Tout le monde n’est pas un geek.
Le makestorming est-il très différent de vos méthodes de travail habituelles ? Pourrait-il être systématisé… ou venir les contaminer ?
OG : Il est beaucoup plus concret et itératif en temps réel. Pour ma part, j’ai abordé l’atelier avec une sorte de scepticisme bienveillant, je me demandais bien ce que cela allait donner. A la fin du premier jour, je voyais bien le storming mais pas trop le make. Et finalement, en seulement deux jours, nous sommes parvenus à produire non pas un livrable, mais une foule de livrables.
J’ai particulièrement apprécié le fait que l’atelier ne soit pas conduit par des animateurs mais par des gens qui produisent et tirent les participants vers le haut. On voit tellement de consultants qui vous demandent votre montre pour vous dire l’heure qu’il est…
La limite à la systématisation est que le dispositif est lourd à monter : il faut trouver une date, mobiliser les participants… Mais je rêverais que cela vienne contaminer nos pratiques de travail quotidiennes ! Dans les grands groupes, il y a une culture du consensus et de la loi du nombre. On hésite beaucoup avant d’agir, et c’est très difficile de faire avancer les projets. Les gens ne voient pas forcément l’impact des décisions. Sans parler des conséquences évidentes sur la motivation, cela présente surtout un gros défaut par rapport à la concurrence et au marché, car on rate des opportunités. En atelier, on prend des décisions tout le temps. Alors oui, cela veut dire que l’on peut aussi prendre très vite de mauvaises décisions, mais une erreur peut être corrigée.
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