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L’Échappée Volée

03 juillet 2014

Retour d'expérience

Peut-on faire du Makestorming pour aider une entreprise uniquement avec des expertises extérieures ? Ouvrons la discussion avec l’Échappée Volée.

L’Échappée Volée, d’abord, c’est quoi ?

Un accélérateur de 5 projets d’entrepreneuriat social.

A l'occasion des cinq ans de la communauté TEDxParis, filiale événementielle des célèbres conférences américaines TED, les organisateurs ont tenu à « passer de l'idée à l'action » en créant pour la première fois un accélérateur de projets innovant d'intérêt général nommé L'Echappée Volée et chapeauté par l’agence Brightness. Conçu comme une expérimentation citoyenne caractérisé par l’action et l’engagement, son objectif est d’offrir un coup de pouce non négligeable à cinq projets lauréats dédiés à l'éducation (Simplon.co), à la santé (Seintinelles), au développement durable (Bergers Urbains), à l'action sociale solidaire (Djantoli) et à l’émancipation par la culture (Kialatok).

Trois jours de workshops et une plate-forme collaborative.

Avant la mise en place d’une plate-forme collaborative ouverte à tous jusqu’en octobre, une centaine d’experts aux compétences diverses ont été réunis le 13, 14 et 15 juin au Château de Mery-sur-Oise pour identifier les axes d’aide et concrètement aider les projets. L’évènement s’est articulé autour d’une série de conférences et un lot d’ateliers conçus et animés tour à tour par MakeSense, un réseau qui développe des aides pour les entrepreneurs, et nod-A.

Un évènement aux multiples nouveautés pour nod-A.

Pour la première fois, nous avons déployé notre approche du Makestorming selon trois spécificités relatifs à l’évènement :

  • Concevoir et animer des ateliers en collaboration avec une autre approche, celle de MakeSense ;
  • Aider des petites structures issues d’entrepreneurs sociaux habitués à travailler en autonomie ;
  • Travailler avec peu de personnes membres de l’entreprise et beaucoup de mécènes extérieurs aux compétences diverses seulement concernés par les projets le temps de l’évènement.

Un exercice intéressant qui nous lançait le défi suivant :

Comment construire collectivement avec un réseau ouvert de compétences variées des éléments concrets pour aider des initiatives sociales à se développer ?

Dans ce contexte, comment concevoir efficacement les ateliers ?

En travaillant en collaboration avec les entrepreneurs.

Pour prétendre aider avec efficacité les initiatives déployées, il faut tout d’abord comprendre selon nous les expertises des uns et des autres. Pour cela, nous avons travaillé en amont avec MakeSense et les porteurs de projets sur le contenu et les objectifs des ateliers : formulation des problèmes à résoudre, préparation des inputs, création des outils de travail intermédiaires et première définition des livrables finaux.

En itérant les bonnes problématiques et les réels besoins.

Pendant l’atelier, les porteurs de projets sont confrontés pour la première fois à des avis d’experts extérieurs à l’entreprise. Les objectifs et les outils mis en place lors du travail préparatoire peuvent alors être remis en cause par les nouvelles perspectives dégagées. C’est le moment idéal pour organiser une seconde période de discussion avec les entrepreneurs afin de revenir sur le contenu déployé. Primordiale, cette étape permet de recadrer les problématiques des projets, de les rectifier si besoin et de formuler avec plus de précisions les réels problèmes et besoins de ces projets.

En déployant des objectifs en accord avec l'habilité des participants.

Une fois les profils des participants cernés, ils est possible de définir avec précision les livrables à prototyper pour répondre aux besoin des projets. Cet objectif doit être en accord avec la variété des compétences présentes sur place, auquel cas l’objectif aura des difficultés à se concrétiser.

Au sein des ateliers, quelles aides ont-été apportées aux différents projets ?

Des solutions concrètes pensées et prototypées pour les 5 projets.

Plus qu’une simple restitution d’un travail collectif, l’objectif des ateliers est d’apporter des éléments qui serviront de base au développement immédiat des cinq projets. La création collective d’un livrable opérationnel est donc un élément essentiel de notre méthode du Makestorming. Pour que ce soit plus clair pour vous, voici une présentation des projets, de leurs problèmes à résoudre et des livrables que nous leur savons fourni.

1. Bergers Urbains.

Des moutons qui paissent tranquillement en Seine St Denis ? Ce n’est pas un rêve mais l’action concrète de l’association Bergers Urbains, qui développe des projets d’agriculture urbaine et de pâturage au cœur de la ville. Une initiative vertueuse, à la fois écologique, poétique et créatrice de lien, plébiscitée par les habitants.

Problème : fort de son succès, Bergers Urbains souhaite trouver un moyen de transformer son activité associative en entreprise en réfléchissant à ses offres, ses futurs clients et leurs besoins.

Livrable Makestorming: 1 prototype de présentation commerciale à destination des clients potentiels qui présente les offres et les argumentaires clés.

2. Simplon.co

Simplon.co est une fabrique accélérée de développeurs d’applications web/mobile et d’entrepreneurs sociaux du numérique située à Montreuil. Prioritairement ouverte aux jeunes des quartiers populaires, des milieux modestes, aux filles et aux porteurs de projets innovants d’intérêt général, Simplon.co favorise l’insertion par l’enseignement d’une nouvelle langue vivante : le code.

Problème : après une année d'existence, Simplon.co a eu un succès important et des activités extrêmement variées. L'objectif de l'atelier est de structurer et définir les offres les mieux adaptées à la poursuite de son développement.

Livrable Makestorming : 3 pistes concrètes de stratégies à adopter pour Simplon.co donnant lieu à des pitchs filmés afin de les transmettre à l'ensemble de l'équipe par la suite.

Déroulement : après une phase d'idéation réalisée par MakeSense, les participants ont eu à cartographier les offres existantes et les nouvelles offres imaginées sur une grande fresque représentant tous les acteurs potentiels (clients, partenaires, organismes de subventions, etc). Cet exercice a permis de comprendre les différents moyens de combiner les offres et de construire 6 concepts stables de rémunérations. Combinées, les 6 offres ont aboutis à 3 sujets de travail pour la deuxième journée sur lesquels les participants ont travaillé sous la forme d'un business canvas.

Erwan Kezzar, co-fondateur de Simplon.co :

Cette journée a été incroyablement riche en enseignements, je suis impressionné par la quantité de matière que je pourrais déjà apporter après une seule journée d'atelier.

3. Seintinelles

Seintinelles font progresser la recherche sur le cancer en développant une plateforme collaborative permettant la rencontre entre des patientes mobilisées et des chercheurs ayant besoin de volontaires pour participer à des études.

Problème : Seintinelles cherche un moyen pour augmenter significativement le nombre de « seintinelles » sur sa plateforme. En atteignant le seuil de 10 000 inscrites, Seintinelles pourra peser de manière beaucoup plus substantielle dans la recherche contre le cancer.

Livrable Makestorming : 1 plan de communication virale basé sur le concept de « chair de poule » illustré par une affiche et un scénario de film conçus de manière communautaire.

4. Djantoli

Djantoli propose un service de prévention innovant et adapté aux contraintes locales pour suivre la santé des enfants en Afrique de l’Ouest et les traiter rapidement afin de leur donner toutes les chances de grandir.

Problème : après cinq ans d’activité, Djantoli souhaite repenser son modèle pour étendre son impact en réduisant son coût.

Livrable Makestorming : 3 nouveaux modèles de services mis en exergue dans un film de trois minutes et détaillés dans un poster projet dans lesquels Djantoli a déjà repéré des idées actionnables qui lui permette de construire un modèle globale plus cohérent.

Déroulement : les participants ont imaginé en 3 groupes de nouveaux modèles plus efficaces et moins coûteux via un « poster projet » sur-mesure les obligeant à prendre en compte la globalité du service et à traiter toutes ses problématiques et spécificités : modèle de paiement des familles, partenariats à mettre en oeuvre, modèle de promotion du service, etc… Puis, à l'aide du « vidéoproto », chaque groupe à ensuite réalisé un film de 3 minutes mettant en scène le déroulement du nouveau modèle de service. Ces films seront présentés aux administrateurs et partenaires de Djantoli pour arbitrer les changements à réaliser.

Lucie de Clerck (Responsable du Développement chez Djantoli):

Les idées sorties nous permettent de construire un modèle beaucoup plus cohérent. Des évidences se sont faites sur la ligne à suivre pour Djantoli.

5. Kialatok

Kialatok est une entreprise sociale qui permet de découvrir des cuisines d’ailleurs, d’aider des cuisiniers doués mais non-diplômés en recherche d’emploi et de sensibiliser les professionnels aux enjeux de la diversité et de l’interculturel grâce à l’immersion culturelle par la cuisine. Kialatok allie ainsi gourmandise, solidarité et culture !

Problème : embaucher deux personnes en insertion l'année prochaine, tout en restant rentable.

Livrables Makestorming :

  • 2 nouvelles offres commerciales avec la définition de leurs aspects financiers et leur staffing ;
  • 2 plans d'actions pour les vendre : une communication non plus centrée sur l'insertion mais sur l'humain (mock-up de site web + mock-up d'une lettre personnalisée à envoyer aux cibles clés) et le carnet d'adresse de dix grandes entreprises françaises.

Comment les participants se sont appropriés les projets ?

Grâce au challenge et à l’itération des idées.

Pour tirer le meilleur de tous les participants, nous organisons à plusieurs étapes de notre méthode des moments d’expression dédiés à la remise en question des idées produites en petits groupes ou de manière individuelle. Plus qu’une simple discussion, cela permet de rebondir sur les propositions, de sélectionner ensemble les meilleures d'entre-elles et de réfléchir collectivement à des pistes d'amélioration.

Déployer ses idées sur des outils adapté … et les présenter à autrui lors d’une séance de "spitch dating"

Par une articulation des exercices autour de posters projets.

Ils fournissent aux participants une zone de travail esthétique et structurée qui permet de re-situer un projet dans l'univers économique qui l'entoure. Réalisés avec nos clients lors des réunions de conceptions, ils sont aussi un excellent moyen d'obtenir une vision d'ensemble des interactions (quels partenaires ?, quelles ressources ?, quels clients ?, etc.) qui participent à l'existence du projet. Une fois remplis par les participants, ces posters projets deviennent des livrables à part entière puisqu’ils synthétisent le monde du projet en cours de construction.

Les participants de Simplon.co et Djantoli remplissent en groupe les posters projets.

Et avec l’apport d’un outil de conception rapide de livrable.

Le vidéoproto

Le « vidéoproto » (encore sous son nom de code) est un kit d’outils ambitieux actuellement développé en interne chez nod-A. Constitué de plusieurs étapes clés, il offre la possibilité :

  • d’imaginer les différentes facettes de son projet ;
  • de le modéliser économiquement dans une fresque graphique ;
  • de mettre en narration son projet à l’aide d’un storyboard ;
  • pour enfin réaliser un livrable sous forme d’une courte vidéo (grâce au carrousel ci-dessous).

Bien plus que de simples slides, cette vidéo fourni un excellent élément pour communiquer sur son projet en internet ou auprès d’un client potentiel, en guise de présentation commerciale ou d’argumentaire stratégique.

Le carrousel du " vidéoproto " : l’outil final de réalisation intuitif et rapide.

Au final, quels sont les pièges à éviter et les éléments à mettre en place pour réussir ?

Installer une dynamique "icebreaker"

Travailler en collaboration avec MakeSense nous a notamment rappelé l’importance de prévoir en début de workshop une période d’échauffement disruptif. Un contexte propice pour le déploiement d’idées nouvelles !

Co-designer en « vase clos »

Concevoir chacun des ateliers avec la seule présences des porteurs de projets est un exercice risqué qui comporte de nombreuses lacunes. La plus évidente est le manque de recul des entrepreneurs sur leur initiatives, ce qui peut entraîner en amont une mauvaise définition des problématiques et la conception d’outils et d’objectifs non adaptés pour répondre aux réels besoin des différents projets.

Faire appel à des membres extérieurs et prévoir un nombre considérable d’inputs

Pour éviter cette mauvaise disposition, de nombreux inputs doivent être apportés lors de ses séances de co-design, de même qu’il est primordial de faire appel à des membres extérieurs de la structure source. On recommande enfin de toujours faire appel a minima à deux porteurs de projets afin de favoriser la réintégration des idées à la structure en question une fois l’atelier dispensé.

Travailler avec des participants perdus dans le process

S’enfermer dans une bulle de travail avec des participants extérieurs aux projets qu’ils incarnent nécessite une temps d’adaptation et de compréhension. De manière générale, ce temps faisait défaut si bien que les participants manquaient de contenus et d’explication. Conséquence : le temps alloué à l’action et à l’utilisation des outils diminue au profit d’une temps consacré à la discussion et à la coordination.

Installer un cadre préalable et des temps de discussions pour rassurer les participants

Pour combler ce manque, l’installation d’un cadre pour les discussions semble nécessaire, de même que le déploiement d’une pédagogie adaptée notamment lors de l’introduction de certains outils dont la pertinence peut être remis en cause, faute de connaissances préalables. Dans l’idéal, il aurait fallu au préalable une présentation des ateliers de la part de l’Échappée Volée qui aurait aidé les participants à faire confiance au processus, aux outils de travail et à intégrer plus rapidement la dynamique mise en place par MakeSense et nod-A.

Mettre à contribution la diversité des profils

L’absence de renseignements sur les participants nous a également conforté sur la complexité suivante : pour « passer de l’idée à l’action », il faut être en mesure de mettre à contribution la diversité des participants. Faute de quoi, la concrétisation des objectifs sera mise à mal par la mauvaise configuration des compétences. C’est d’ailleurs un contexte qui limite nos habitudes de travail actuel. Soigner la pédagogie et ne pas sous-estimer l’importance du rythme.

Le temps imparti fait également office de leçon : il est délicat de concrétiser des idées dans un cadre temporel aussi court. Plus encore, il est délicat de remettre en cause ses idées, quitte à changer d’objectif, quand le temps vient à manquer. La gestion du rythme et de la pédagogie deviennent alors des éléments essentiels pour ne pas se disperser.

Une expérience originale et enrichissante à renouveler ?

Pourquoi pas !

nod-A a donc relevé le défi d’animer cinq workshops en parallèle pour apporter des solutions et une aide concrète à ces projets. La diversité et la richesse de ces initiatives d’intérêt général ainsi que l’implication de leurs porteurs de projets ont motivé nod-A à construire pour eux des ateliers de Makestorming fortement impactant pour leurs structures.

L’Échappée Volée fut ainsi un événement intense et singulier, pour lequel un cadre bucolique et des talks captivants ont sans aucun doute joué un rôle significatif.

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