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Quand la Blockchain remue la banque

12 avril 2016

Retour d'expérience

La blockchain est-elle une menace pour les banques, ou leur permettra-t-elle de se construire une nouvelle place auprès de leurs clients ? Cela dépendra de leur capacité à se réinventer. Le chantier est en cours pour BNP Paribas avec qui nous avons organisé avec un BizHackathon sur le sujet.

Un avenir à imaginer

La blockchain est un des grands sujets prospectifs du moment. On entend dire qu’elle serait la technologie la plus prometteuse d’usages et de disruption depuis le web.
Pour rappel, la Blockchain est la technologie derrière le Bitcoin, crypto-monnaie complètement décentralisée. La gestion des transactions comme la création de bitcoins est prise en charge collectivement par le réseau. Dans leurs versions complètement ouvertes, les bases de données distribuées autorisent donc un pur échange peer-to-peer se passant de plateforme d’intermédiation en rendant obsolète la nécessité d’un tiers de confiance. Avec ce genre de blockchain, on peut par exemple imaginer un Uber open source qui appartiendrait aux chauffeurs. A noter qu’il existe également des Blockchain privatives ou semi-privatives, qui elles nécessitent encore des tiers de confiance tout en simplifiant grandement l’intermédiation et vers lesquelles se tournent de nombreux acteurs.
Quel sera l’impact de cette technologie nouvelle sur l’organisation des entreprises et le monde du travail ? Selon le souci éthique avec lequel elle sera utilisée, elle pourra être une source de libération ou d’asservissement.

Une nouvelle place à conquérir

En tout état de cause, il y a dans cette disruption profonde de quoi susciter des interrogations du côté d’acteurs traditionnels comme les banques, dont le rôle est précisément de garantir la confiance dans les échanges.
On assiste en ce moment à une prise de conscience globale de la part des acteurs financiers traditionnels : la blockchain représente un tournant sérieux à ne pas manquer et pas juste un « truc de geeks ». Les banques ont été lentes à accepter ce bouleversement, mais des acteurs des FinTech ont commencé à s’emparer du sujet et à expérimenter jusqu’à éveiller l’attention de pas mal de gens dans l’univers bancaire. Start-up innovantes du secteur de la banque, de l’assurance et plus généralement de la finance, les FinTech repensent les services bancaires traditionnels grâce à la technologie. Qu’il s’agisse de prêter à des PME, comme Lendopolis, ou d’accompagner les particuliers dans la gestion de leurs comptes, comme Bankin’, elles se posent de plus en plus en concurrents des banques.
L’éveil des consciences n’a pas été immédiat, mais aujourd’hui de grands établissements bancaires explorent des business models innovants pour se créer une nouvelle place légitime auprès de leurs clients. La force de frappe des grandes banques combinée à l’agilité des FinTech peut être une combinaison gagnante ; elle peut notamment s’avérer très profitable aux banques en termes de méthodes de travail. Aujourd’hui, celles-ci sont obligées d’accélérer, d’être beaucoup plus réactives dans tous les domaines : le moment peut être venu de révolutionner leurs pratiques à tous les niveaux.

BNP Paribas prêt à la réinvention

BNP Paribas a dédié une équipe à la réflexion sur l’impact de la blockchain. Celle-ci a déjà organisé un hackathon en décembre 2014, et en janvier 2016, nous avons animé un second atelier autour des usages possibles de la blockchain avec la business line CTTS (Corporate Trade and Treasury Solutions) de la banque, en charge de produits destinés au commerce international des entreprises, tels que les lettres de crédit ou des outils de sécurisation des échanges.
Rendez-vous était donné à l’Anti-Café Olympiades, un type de lieu très différent du contexte habituel des participants, selon le bon principe que s’abstraire de son univers familier permet souvent de se libérer de ses modes habituels de pensée. Pour accompagner les groupes de travail, BNP Paribas a convié des experts de la blockchain : John Edge, président exécutif de Rain Labs, Ken Kappler d’Ethereum, Garvin Wood, PDG d’Ethcore, Emilien Dutang et Adrien Lafuma du Labo Blockchain, et le spécialiste de la stratégie digitale Stephan Karpischek.
L’objectif de l’atelier était de trouver des applications de la blockchain permettant de répondre aux pain points des clients tout en améliorant les processus. A l’issue de l’atelier, ce sont les bases de cinq projets qui ont pu être posées. Aujourd’hui, ceux-ci sont déjà en cours de développement et portés par une vraie envie de les mettre en œuvre et de les faire évoluer. Chaque idée doit aboutir à un POC d’ici fin juin.

La nécessité du sprint

Ce n’est que le début ; l’impact potentiel de la blockchain excède de loin le seul secteur bancaire. Demain, ce sont peut-être les notaires qui seront amenés à réfléchir à leur place dans un monde où la signature d’actes sera garantie par le réseau. Mais par quel bout prendre des sujets d’un tel degré de complexité, qui touchent à la fois les cœurs de métier et la manière dont on travaille ?
Ils imposent des changements tellement majeurs qu’ils ne peuvent pas être abordés en projets longs. C’est le principe de la Loi de Parkinson : de même qu’un gaz prend tout l’espace qu’on lui donne, plus on a de temps pour faire une tâche, plus celle-ci va traîner en longueur. Opérer des sprints permet de densifier davantage le travail. Plus les projets sont complexes et denses, plus il faut les découper, sinon on diverge à l’infini et on ne converge jamais. Est-il trop tard pour (ré)agir, pour tous ces secteurs que la blockchain va bousculer ? Pas forcément, mais il est temps de sprinter !

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